Eric Mingus – The Devil’s Weight

Evacuons tout de suite le sujet : Eric Mingus est bien le fils du légendaire contrebassiste Charlie Mingus. Et s’il n’a pas la notoriété de son père, il en a tout le talent et l’énergie créative. Après un album quasi expérimental en 2019, le chanteur, poète et multi-instrumentiste revient avec un disque qui réussit le tour de force d’être à la fois très accessible – avec même quelques tubes en puissance, comme les extraordinaires The Devil’s Weight, Gun Shy Boy ou Rats and Tattle Tales – et très personnel. Du blues, à un gospel dépoussiéré et sulfureux, en passant le rock et le spoken word, Eric Mingus joue sur ses principales influences musicales avec une voix sublime, magnétique, incroyablement puissante et profonde. Il dit s’être « énormément amusé à faire ce disque ». Cela se sent. Son plaisir est communicatif.

Le disque sort sur le petit mais très dynamique label lyonnais indépendant Ouch ! Records, qui soigne particulièrement ses pochettes. Celle-ci est signée du dessinateur de BD Nicolas Moog, dont le nouveau livre, Underground, vient de sortir chez Glénat.

Ouch ! Records – LP et CD

Villa Borghese – Viola d’Amore

Le label Lyonnais Simplex Records s’est spécialisé dans la réédition de titres rares ou inédit, en vinyle, de musiciens du cru. On lui doit déjà quelques pépites, dont un album de Ganafoul, chroniqué ici même il y peu.
Son nouvel opus est un disque enregistré en 1980 mais jamais édité, d’un groupe à la carrière aussi courte que marquante, Villa Borghese. Au commande, Gérard Maimone (claviers) et Patrick Garel (batterie), deux musiciens actifs depuis le début des années 1970 dans des formations de rock progressifs ou jazz rock. De retour d’un voyage aux USA, ils entament une mue new wave, sans oublier totalement leur riche passé. Entourés de Jean de Antoni, guitariste, Jean-Jacques Martin, bassiste, Olivier Angèle, chanteur novice venu du théâtre, et même lors de leurs rares concerts, d’André Manoukian aux claviers, ils inventent une musique osée, à la fois savante et énergique, puissante et nerveuse.  Avec ses douze titres courts et percutants Viola d’Amore est un disque inclassable, passionnant de bout en bout.  Mais on ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en pensant qu’on ne verra jamais Villa Borghese en concert…

Simplex Records

Delgrès – 4:00 AM

Leur premier album Mo Jodi avait été une belle découverte. Trois ans et une grande tournée internationale – passée par Villefranche et les Nouvelles Voix en 2019 – plus tard, Delgrès, trio de blues créole sort son nouvel opus, 4:00 AM. Autrement dit, quatre heures du mat, l’heure des braves, ceux qui se lèvent tôt pour faire tourner le monde.
Pascal Danae, guitariste, chanteur et chef du gang, leur dédie ces douze titres brulants. Avec ses comparses, Baptiste Brondy à la batterie, et Rafgee au sousaphone, l’énorme tuba au son de basse qui donne le rythme, il se penche sur les blessures du quotidien des « héros invisibles », tel son père émigré de Guadeloupe en 1958 : racisme, déracinement… Les mots se font manifestes, la musique, elle, cogne. Même si on peut chipoter et déplorer une production un peu trop « propre », l’énergie blues-rock est toujours bien présente. Elle explose même sur des titres comme Lundi mardi mercredi ou L ecole. Et puis Delgrès est de ces groupes qu’il faut voir sur scène pour prendre leur pleine mesure. Vivement leur retour par chez nous !

PIAS Group

 

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