La Nuée

De Just Philippot | 1h41 
Le saviez-vous ? La France a toujours joui d’une certaine réputation dans le microcosme de l’horreur extrême.
De
Martyrs, à Haute-tension, le genre du french-extremism a tant galvanisé que rebuté les audiences nationales comme étrangères. Certes, La Nuée n’est pas aussi jusqu’au-boutiste que ses pairs cités plus haut. Toutefois, ce premier long-métrage de Just Philippot est l’un des thrillers les plus glaçants proposés par le cinéma hexagonal. Depuis la mort de son mari, Virginie peine à subvenir aux besoins de ses deux enfants. Convaincue des perspectives d’avenir de l’entomoculture, elle développe une fascination maladive pour les sauterelles qu’elle élève… Porté par une sinistre Suliane Brahim et un crescendo écrasant, La Nuée est une éprouvante asphyxie, mais également un écho des conditions agricoles contemporaines : celles où nos producteurs travestissent les dogmes de la nature pour fuir la périclite. La Nuée n’est pas destiné qu’à un public avide de frissons, bien au contraire ! Certes le dénouement peut laisser de marbre, toutefois, le long-métrage est peut être la proposition la plus audacieuse du grand écran de ces dernières années.

Le Discours

De Laurent Tirard | 1h28

Panique à bord ! Le futur beau-frère d’Adrien vient de lui demander de tenir un discours lors de son mariage avec sa sœur Sophie.
Si, en temps normal, la nouvelle aurait suffi pour anéantir la monotonie de la routine d’Adrien, la demande intervient en un temps épineux : 38 jours après que Sonia lui ait annoncé qu’elle voulait
“une pause” dans leur relation amoureuse, il s’est décidé de lui envoyer un SMS, espérant réimpulser ses sentiments. C’est au cœur d’un seul dîner familial que l’ensemble de la trame de Le Discours s’articule. Si l’unité de lieu peut paraître restrictive, Laurent Tirard sait très bien jouer sur les transitions, les mises en scène novatrices et les quelques pions dont il dispose. Adrien, la pièce centrale, ponctue ce rude dîner de ses quelques observations sardoniques sur ses proches (qui iront chatouiller vos zygomatiques). De situations que nous connaissons tous, qui que l’on soit, à un jeu d’acteur superbe, en passant par un tissu narratif ô combien bien cousu, Le Discours a toutes les qualités d’un bon cru. La réouverture des cinéma ne pouvait pas demander mieux !

Promising Young Woman

De Emerald Fennell | 1h48

Nous ne cesserons jamais de l’appuyer : le mouvement #MeToo se doit d’être soutenu par une représentation médiatique la plus juste possible. Félicitée par la critique, Promising Young Woman est loin d’être exempte de défauts.
Or, ce premier long-métrage frappant d’Emerald Fennell coche toutes les cases du parfait essai féministe tant son propos est pertinent que fidèle aux déboires du réel. Des années après le suicide de sa meilleure amie suite à un viol qui n’a pas été traduit en justice, Cassie retrouve la trace du prédateur. Si pendant des années elle lutte pour rayer la masculinité toxique, elle y voit l’occasion de conduire une vengeance grandiose…
Promising Young Woman conte le traumatisme de l’abus impuni et le catharsis qu’induit sa “punition” tant attendue. Pour autant, la résolution n’est pas aussi naïve qu’on le croirait : elle est sujette à des nuances. Ne serait-ce que par son utilité sociale, Promising Young Woman est à avoir sur les watch-lists de chacun d’entre vous. Certes, son ton volatil peut dénaturaliser le fond de l’intention d’Emerald Fennell. Cependant, rares sont ces films qui explorent la dimension de la violence sexuelle avec tant de justesse…

Luca

De Enrico Casarosa | 1h36
Les petits pincements de coeur, Pixar en a fait son filet mignon ! Son dernier poulain, Soul
, est tombé à pic : en pleine crise sanitaire, il nous a prodigué une perspective singulière sur la vie et sa fugacité.
Or, il n’était pas la création des studios
Pixar la plus légère… Son successeur, Luca, a pris le contrepied de Soul dans le sens où il se permet d’avoir un axe plus “aérien” : il n’est pas question de crise existentielle, mais plutôt d’un doux interlude d’été. Le héros éponyme, Luca, est un jeune monstre marin. Malgré les prohibitions de ses parents, il rêve de fouler le monde des hommes. En rencontrant Alberto, un autre monstre de son âge, Luca émerge dans une petite ville italienne où il espère, avec son compère, acheter une Vespa pour partir explorer le monde. Pour être parfaitement franc, je n’espérais pas grand chose de Luca. Le long-métrage en avait lourd sur les épaules après le succès de Soul au vu de l’approche moins moraliste et son aspect simpliste. Que je suis heureux d’avoir eu tort. Luca est certainement un de mes Pixar préférés. Tant tordant qu’attendrissant, le premier long-métrage d’Enrico Casarosa est une ode à la dolce vita, l’acceptation d’autrui et l’amitié.

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