Un festival, c’est, comme son nom l’indique, une fête, un événement où l’on prend du plaisir. Celui-ci tient à la fois à la profusion et à la découverte. En cela les Rencontres du Cinéma Francophone, dont le prix du jury est allé au film Olga de Elie Grappe, remplissent parfaitement leur rôle. On y voit, bien avant tout le monde, des fims qu’on irait pas forcément voir sans cette occasion. Des 21 films – dont 11 avant-premières – proposés nous avons retenus Haut et Fort (sortie ce 17 novembre) et Une Jeune fille qui va bien (sortie en janvier prochain)
Une Jeune fille qui va bien
Sandrine Kiberlain | France | 2021 | 1h38
Pour son premier long-métrage comme réalisatrice, la comédienne Sandrine Kiberlain réussit un film très personnel sur un sujet pourtant souvent traité : le sort des Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle l’aborde par le personnage d’Irène, jeune fille qui vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse.
Impossible de ne pas penser à Sandrine Kiberlain en découvrant ce personnage lumineux. Elle-même d’origine juive, la réalisatrice-comédienne s’est inspirée de récits entendus dans son entourage et de ses lectures. Mais c’est bien son parti pris de la sobriété pour la mise en scène qui font la singularité et la force du film. Pas de décors en carton-pâte pour reconstituer l’époque et des musiques, coiffures, costumes, intemporels. Juste une petite phrase pour éclairer le spectateur : «il faut mettre le tampon Juif sur les papiers»… Et la joie de vivre exacerbée d’Irène – filmée presque comme un ballet incessant – pour donner, en un effroyable contrepoint, la dimension de l’horreur à venir. Film hypersensible, Une Jeune fille qui va bien est aussi la révélation d’une magnifique actrice, Rebecca Marder.
Haut et fort
Nabil Ayouche | Maroc – France | 1h41
Anas, ancien rappeur, est engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop…
C’est sa propre histoire qui a inspiré le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouche pour son neuvième long-métrage. Né à Sarcelles, sa fréquentation de la MJC a été décisive pour son évolution. Des années plus tard, il a créé une fondation pour ouvrir des centres culturels au Maroc. Celui du film, à Sidi Moumen, a été le premier. De même le choix de bâtir le film autour de la transmission du hip-hop est venue d’une rencontre avec un ancien rappeur qui apprenait aux jeunes à s’exprimer et à écrire sur leur vie…. Il a inspiré le personnage principal. Il y a donc du documentaire dans Haut et fort, interprété par des comédiens non professionnels. Mais pas seulement : le film regarde résolument du côté de la comédie musicale, avec même un bel hommage à West Side Story lors d’une danse/bagarre face à des intégristes. « Je voulais que la comédie musicale soit au cœur du réel et que le réel soit au cœur de la musique » explique Nabil Ayouche. Ce procédé lui permet de dresser avec une grande justesse un portrait de cette jeunesse marocaine débordante d’énergie et de rêves… Malgré les difficultés.
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