The Forgotten Battle (La Bataille de l’Escaut)

 2h04 | De Matthijs van Heijningen Jr. | A voir sur Netflix

Ceci étant souvent occulté sous couvert qu’il en résulte toujours un gagnant, un perdant, et une confrontation manichéenne, une guerre ne comprend jamais des camps étiquetés seulement comme les “gentils” et les “méchants”. The Forgotten Battle, film néerlandais sorti en 2020 et fraîchement introduit au globe sur Netflix, a le mérite plutôt singulier de proposer une perspective tripartite au cœur de la Seconde Guerre Mondiale. Un soldat aventureux des Alliés, un autre idéaliste des forces de l’Axe et une civile néerlandaise voient leurs destins s’entrecroiser en automne 1944, en pleine Bataille de la chaussée de Walcheren. Si nous suivons, bien sûr, à temps égal, les trois protagonistes tout le long du film, cette approche inédite du conflit est à la fois le moteur et le principal handicap de The Forgotten Battle. Quelques angles de leurs arcs narratifs respectifs sont trop arrondis pour avoir une réelle résonance. The Forgotten Battle demeure un spectacle grandiose, soutenu pour un casting brillant et une production pointue.

Dune

2h36 | De Denis Villeneuve

Jamais je ne me suis autant créé de nœuds crâniens que devant les premières poignées de pages de Dune. Bien évidemment, le blâme me revient : l’œuvre de Frank Herbert est sur un piédestal sacré dans l’imaginaire collectif des aficionados de la science-fiction. Son monde est dense, son lexique aussi… ce qui rend la saga difficilement accessible pour le commun des mortels. Et bien qu’elle soit considérée comme “vulgarisatrice”, la traduction sur le grand écran peut s’avérer être tout aussi nébuleuse que le médium original (le principal reproche qu’eut l’adaptation de David Lynch en 1984). Denis Villeneuve, en annonçant plancher sur une adaptation de Dune, se confrontait à une tâche colossale. L’attente fut longue… mais le résultat est vertigineux, voire titanesque. Villeneuve a su donner chair, avec une photographie exquise, à l’univers d’Herbert, sans que nous nous noyions dans la mythologie de la planète Arrakis. En dépit d’un rythme ondoyant et de longueurs qui complémentent bien, certes, cette approche contemplative, Dune surpasse la simple immersion.

Britney VS Spears

1h33 | De  Erin Lee Carr | A voir sur Netflix

Les plus connaisseurs de l’actualité people – et même n’importe qui qui suit d’un œil attentif les évolutions de l’industrie musicale – est susceptible de s’émouvoir à la mention de Britney Spears. La pop-star, paralysée, voire asphyxiée par la tutelle de son père depuis treize ans, concrétise à peine sa rixe juridique pour recouvrer sa pleine indépendance, tandis qu’elle réclame à peine “justice” pour les maux qu’elle a subi. Britney VS Spears est un bon point d’accroche pour avoir pleine conscience des tenants et aboutissants de cette large intrigue. Or, le documentaire semble être une énième pirouette de Netflix pour vampiriser des sujets de conversations viraux. Parfois biaisé, artificiel et curieux au vu du choix de ses intervenants, Britney VS Spears dresse, certes, une chronologie limpide des principales péripéties de la tutelle de Britney. Toutefois, ses moult glissades chronologiques, et l’absence du mouvement #FreeBritney qui a été angulaire dans la résolution du conflit, laisse un léger arrière-goût acide en dépit de premières notes mélodramatiques. Dommage…

No Time To Die (Mourir peut attendre)

2h43 | De Cary Joji Fukunaga
Rares sont les fois où la réinterprétation d’un personnage iconique de l’imaginaire collectif n’a pas fait couler une quantité incommensurable d’encre (souvent teintée des postillons de détracteurs “de la vieille école”). Si un mythe ou une histoire réussissent à garder leur force de frappe au fil du temps, c’est que ces derniers ont transcendé leur nature de simple fable. Le nœud de l’intrigue reste et restera plus ou moins intact. Or, le personnage n’est plus qu’un masque inflexible : c’est un titre appropriable et porteur de valeurs. En reprenant le flambeau de James Bond en 2006, Daniel Craig a fait d’une caricature sacro-sainte (voire problématique) un rôle plus sensible, vulnérable et dense. Dans No Time To Die, le dernier encore pour Craig, jamais cette promesse n’a autant été explorée ; quitte à nous délivrer la version “définitive” de l’espion. Ni complètement cet idéal masculiniste poussiéreux, ni complètement un nouvel archétype auprès duquel les audiences ne se reconnaissent plus, No Time To Die excuse les performances insipides de Rami Malek et Léa Seydoux en cristallisant un James Bond plus contemporain, mais qui, étrangement, n’a jamais été aussi “James Bond”

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