X

1h46 | De Ti West
Le récent remake / suite maladroite de Massacre à la Tronçonneuse a laissé un vif goût aigre dans la bouche des moult inconditionnels de la franchise. Et, dans une coïncidence presque tordante, Ti West et A24 sortent plus d’un petit mois plus tard X : un rugissant hommage au premier opus de la saga qui, en tout point, surpasse le carambolage pensé par Netflix. Dedans, une équipe de tournage pornographique s’installe dans un chalet reculé pour le tournage d’un cru “révolutionnaire”… sans qu’ils avertissent leurs propriétaires, un vieux couple conservateur, de leurs intentions luxurieuses. Très vite, les intentions nébuleuses du tandem sont limpides : le tournage devient une tuerie (et pas dans le bon sens du terme). X recapture la “nanardise”, l’excessivité et la fourbe qui animaient son inspiration, tout en propulsant le genre du slasher sur un terrain vierge. Entre les lignes, un sous-texte intergénérationnel, où les antagonistes sont impulsés par le regret d’une vie manquée et d’un corps en pleine périclite, précède, voire prend l’ascendant sur les aspects sanglants du long-métrage. C’est un oui pour moi !

Le sommet des dieux

1h25 | De Patrick Imbert

À défaut d’avoir pu le voir en salle lors de sa sortie en décembre dernier, j’ai eu des échos plus qu’élogieux du frais lauréat du César et Lumière du meilleur film d’animation : Le sommet des dieux. Heureusement, au grand dam de ses détracteurs, le long-métrage a tout de suite trouvé refuge dans le Netflix nord-américain : puisque je ne suis pas en France, les étoiles se sont alignées pour moi. Adaptation du manga éponyme, Le sommet des dieux conte les tribulations de Fukamachi, un photo-reporter, qui se met à la poursuite d’un alpiniste déchu pour comprendre les circonstances de la dernière et fatale expédition de George Mallory… Or, très vite, et même si de prime abord le propos du film d’animation semble graviter autour dudit mystère, Le sommet des dieux bouleverse la hiérarchisation des messages qu’il veut explorer. Abstraites ou non, les raisons qui poussent les alpinistes à gravir sont tentaculaires, parfois, indéchiffrables et impulsent les réflexions les plus poétiques. Ce joyau de Patrick Imbert, son directeur, conquiert de nouveaux sommets (sans mauvais jeux de mots).

Everything, Everywhere, All At Once

2h19 | De Daniel Scheinert & Daniel Kwan

Plus nous avançons dans le temps, plus l’audience lambda s’acclimate à des narrations plus bazardeuses autour d’univers parallèles, voyages temporels et autres nébuleux principes quantiques. Je pense à des TENET, Dark et autres complexités qui ne se consomment pas sans un cahier de notes entre les mains… Les imbroglios sont consubstantiels à ces fictions : ça en est presque une fatalité. Or, et là réside toute son unicité, Everything, Everywhere, All At Once est d’une brillante simplicité. Evelyn Wang (jouée par l’excellente Michelle Yeoh), une mère de famille ordinaire, se retrouve être le rouage central d’un conflit multidimensionnel. Dotée des pouvoirs et aptitudes de ses versions “parallèles”, elle explore ce qu’elle aurait pu être, ce qu’elle ne sera jamais, tout en croisant le fer contre la force la plus destructrice de toutes… le nihilisme. C’est le comble d’une critique, mais je suis incapable de faire l’éloge d’Everything, Everywhere, All At Once en restant intelligible. Ne vous méprenez pas : ce n’était pas complexe, bien au contraire. Mais c’était tant à la fois : étrange, poilant, authentique, toutefois abstrait… Ça m’a tourneboulé (et c’est rare quand j’attribue cette qualité à une fiction). Foncez et savourez l’expérience. Elle n’est comme nulle autre.

Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald

2h 14 | David Yates
Le comble pour un film Harry Potter ? De perdre sa magie… Si le premier opus des Animaux Fantastiques avait le distinctif mérite de créer quelque chose de distinct face aux moults aventures du jeune sorcier aux lunettes rondes, sa suite, Les Crime de Grindelwald, prenait des airs de carambolage. Trop de sous-trames, de fouillis narratifs sens dessus-dessous… Sans trop y croire, je me décidais de porter mes espoirs sur Les Secrets de Dumbledore, le troisième volet. Et, à mon grand dam, la récente sortie de J.K. Rowling n’a pas appris des erreurs de son prédécesseur. Son plus fort vice : aucun de ses éléments n’a du liant. Les personnages sont lympathiques, quelconques, ne nous tirent aucune émotion concrète. Certes, le commentaire politique (entre autres sur la corruption et la manipulation médiatique) relève un triste tableau, mais est strangulé par une pauvre exécution narrative. Et pire encore, la magie elle-même devient illisible. Chaque mouvement de baguette coïncide avec un ballet d’effets spéciaux indiscernables et un bon prétexte, parfois trop facilement amené, pour tirer nos protagonistes de l’embarras. Mon petit cœur de Potterhead l’a mal vécu.

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