Le château de Rochebonne :
Destructions et renaissances 



Rochebonne est l’un des deux châteaux du village de Theizé, au cœur du pays des Pierres Dorées. Aujourd’hui propriété de la commune, et inscrit aux Monuments historiques, il est préservé et accueille régulièrement festivals et expositions. Cela n’a pas été toujours le cas :
son histoire est loin d’être un long fleuve tranquille…

Situé au sommet du bourg, Rochebonne dresse sa façade massive face à la plaine. Avec son style classique français typique du XVIIe siècle, ses belles pierres et son fronton triangulaire, elle impressionne. Elle n’est pourtant pas d’origine. Comme la majeure partie du bâtiment, détruit, reconstruit, remanié à plusieurs reprises. 

On sait peu de choses sur le tout premier château, si ce n’est qu’il a été rasé en 1363, pendant la guerre de Cent Ans, par ses propriétaires, les comtes-archevêques de Lyon, qui craignaient de le voir tomber entre des mains ennemies ! A partir du XVe siècle, la famille de Fougères, seigneurs d’Oingt, fait construire une maison forte qui tient le rôle de vigie pour leur château. En 1525, Pierre de Châteauneuf, sénéchal du Puy et gouverneur du Velay, épouse Huguette de Fougères, héritière d’Oingt et de Rochebonne.
Il prend le titre de baron de Rochebonne.

Au cours des guerres de Religions, en 1572, Oingt est détruit par le Baron des Adrets, ce qui entraine l’abandon du lieu au profit de Rochebonne. Cet événement tragique a des conséquences bénéfiques sur l’édifice qui est petit à petit agrandi et transformé. 

Le château de « plaisance » de la «belle Rochebonne»

L’un des héritiers de la famille, Charles, marquis de Rochebonne, épouse, en 1668, Thérèse d’Adhémar de Grignan, belle-sœur de la fille de Madame de Sévigné. Le bâtiment devient un château de
« plaisance ». Madame de Sévigné rend plusieurs fois visite à celle qu’elle surnomme Thérèse « la belle Rochebonne » et cite à plusieurs reprises le château dans ses lettres.

Charles et Thérèse ont quatre fils. Deux décèdent avant leur père et deux deviennent ecclésiastiques. Louis Joseph (1685-1729) est évêque de Carcassonne et Charles François de Châteauneuf (1671-1740), évêque de Noyon puis archevêque de Lyon. La boucle est bouclée ! 

C’est lui qui vend la seigneurie, en 1728, à Jean-Baptiste d’Audiffret, envoyé du Roi de France auprès du duc de Lorraine. Après 1740, elle est acquise par Antoine Rique, écuyer, qui la lègue à sa nièce et son mari, Jean-Baptiste de Nervo, père de la pianiste Hélène de Montgeroult.

Pendant la Révolution, en 1793, le château est de nouveau malmené. Il est pillé, devient bien national et est finalement vendu à la découpe au XIXe siècle. De nombreux propriétaires l’occupent jusque dans les années 1970. Le bâtiment mal entretenu se dégrade. 

En 1972, la vieille église avec sa nef du XIIIe siècle, ancienne chapelle du château, longtemps utilisée comme locale agricole, est restaurée. En 1984, enfin, la commune fait l’acquisition de l’édifice. 

Que reste-t-il de la grandeur de Rochebonne ? Outre bien entendu sa façade, le corps de logis avec ses deux tours rondes à toit plat et sa terrasse, ses escaliers extérieurs sont remarquables. Avec le vestibule et le grand escalier intérieur à vide, ils ont d’ailleurs été inscrits aux Monuments historiques le 21 décembre 1984. 

Plusieurs pièces sont également dignes d’intérêt : la chambre du seigneur, avec ses parquet et lambris du XVIIe siècle et la salle des peintures en trompe l’œil, qui simule une galerie ouverte par une double arcade surmontée d’une frise décorée de guirlandes. Enfin l’église bien sûr, reliée au château par une galerie couverte, les caves voûtées, et un imposant pressoir en bois d’époque.

Pour le visiter, l’idéal est de profiter des expositions ou des festivals : Théâtres en Pierres Dorées ou les
Rendez-vous de Rochebonne consacrés à la musique classique qui, on l’espère, pourront revenir en 2021.

λ Emmanuelle Blanchet

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