Du 9 au 17 octobre se tient la 13e édition du Festival Lumière. Le prix du même nom sera remis à la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion. Le cycle Histoire permanente des femmes cinéastes, qui permet chaque année de (re)découvrir les œuvres de réalisatrices quelque peu oubliées, sera consacrée cette année à la Japonaise Kinuyo Tanaka, avec une retrospectives de ses oeuvres. Focus sur deux œuvres de ces femmes.

La Leçon de piano

Jane Campion | France – Australie – Nouvelle-Zélande | 2h | 1993

Jusqu’à cette année et la Palme remise à Julia Ducournau pour Titane, Jane Campion était la seule femme a avoir reçu le prix cannois ultime avec La Leçon de piano. C’est dire si cette histoire d’amour singulière, qui se déroule au fin fond du bush néo-zélandais, est un film qui compte dans l’histoire du cinéma, au point d’être devenu un classique.

Ada, mère d’une fillette de 9 ans s’installe au milieu de nulle part, chez l’homme qu’elle vient d’épouser, un quasi inconnu. Celui-ci accepte qu’elle conserve ses affaires, à l’exception d’un piano, qui échoue chez un voisin illettré. Ada ne pouvant se résoudre à cette perte va commencer à se rendre régulièrement chez le nouveau propriétaire du piano… A partir de scénario, la réalisatrice construit une œuvre complexe et forte où explosent la brutalité du monde sauvage et la force des émotions. A la fois pudique et sensuelle, toujours juste, la caméra de Jane Campion filme la passion sans fioritures. Une leçon de piano… de cinéma aussi, à voir et revoir.

 

Lettre d’amour

Kinuyo Tanaka | Japon | 1h38 |1953

Avant de devenir cinéaste, la Japonaise Kinuyo Tanaka connait un énorme succès comme comédienne, notamment dans les films d’Ozu et de Mizoguchi avec qui elle tourne seize films dont Les Contes de la lune vague après la pluie. Mais alors qu’elle aurait pu se satisfaire de cette carrière, elle décide de passer derrière la caméra, non sans difficultés. Elle parvient à tourner six films dont le premier Lettre d’amour, est sélectionné au festival de Cannes 1954.

Le scénario a tout du parfait mélodrame. Cinq ans après la fin de la guerre, Reikichi Mayumi, un homme triste et meurtri, trouve un petit emploi dans un quartier populaire de Tokyo : il écrit des lettres d’amour, le plus souvent adressées par des femmes japonaises à des soldats américains de l’armée d’occupation retournés dans leur pays. Il croise par hasard la femme qu’il a autrefois aimée, Michiko. Chez elle aussi la guerre et les années d’occupation ont laissé des traces. Un nouveau départ à deux est-il encore possible pour eux ? Kinuyo Tanaka évite l’écueil du mélo larmoyant en  confrontant les personnages principaux à des seconds rôles forts, croqués grâce à son grand sens de l’observation. Grâce surtout à un talent pour la mise en scène acquis auprès des plus grands. La cinéaste débutante mise sur l’élégance, la stylisation et la direction des d’acteurs, à qui elle impose un jeu tout en retenu. Le film vient d’être restauré, à l’instar de La Lune s’est levée projeté cette année à la section Cannes Classics

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