Expo Zwy Milshtein

Milshtein – Bonjour de Prague
Acrylique sur papier.
406 x 210 cm. 2014 (Détail)

Zwy Milshtein - Photo de Wilfried Petzi

Zwy Milshtein par Wilfried Petzi

Un événement exceptionnel rend hommage à Zwy Milshtein jusqu’au 27 mars, entre Paris, Lyon et la galerie Chybulski, à Ville-sur-Jarnioux. Décédé en février 2020, il était l’un des artistes contemporains les plus passionnants, et sans doute le plus fameux accueilli dans la région depuis Maurice Utrillo. Le parcours tumultueux de sa vie l’a mené de sa Moldavie natale à Gleizé, aux Grands-Moulins, où il a installé son atelier et a vécu entre 2007 et 2018. 

Depuis le 18 février, Zwy Milshtein est à l’honneur. La Fondation Renaud au Fort de Vaise, le théâtre des Célestins, le théâtre de la Scala (Paris 10ème), la galerie Area (Paris 3ème) et la galerie Chybulski se sont associés pour proposer expositions, conférences, concerts, ateliers, soirée spectacle, ou lecture musicale. On pourra découvrir dans tous ces lieux une rétrospective majeure de son œuvre : dessins, estampes, peintures, céramiques, sculptures ainsi que ses expérimentations dans de multiples domaines des arts plastiques.

 

Né en 1934 à Chișinău, capitale de la Moldavie, dans une famille juive, Zwy Milshtein, est touché de plein fouet par la Guerre et l’annexion de son pays par L’Union Soviétique. Réfugié avec sa mère et son frère à Tbilissi en 1943 – son père a été déporté par les Russes – il découvre l’art au palais des pionniers. 

 

L’exil se poursuit avec de nombreuses et douloureuses péripéties jusqu’au tout jeune État d’Israël où il décide de devenir peintre. Il fréquente tous les maîtres qui s’y trouvent et son talent est vite reconnu : il a moins de 20 ans, quand le Tel-Aviv Museum présente sa première exposition. La vie culturelle en Israël est foisonnante,  il participe à presque toutes les manifestations. Il y étudie aussi la sculpture.

 

Mais comme beaucoup de peintres, il rêve de Paris, grande capitale de l’art à l’époque. Il s’y installe en 1956, avec sa fiancée, première femme parachutiste d’Israël ! Il est vite remarqué par Katia Granoff, célèbre marchande d’art. 

 

Zwy Milshtein, en véritable «touche-à-tout», teste différents mode d’expression

 

Sa peinture témoigne des douleurs qui ont été les siennes, laissant cependant une place à l’ironie. Véritable «touche-à-tout», Milshtein a besoin de tester différents mode d’expression.  Il se  passionne pour la gravure, produit des livres, très appréciés par les bibliophiles. 

 

Dans les années 1970, il est d’ailleurs surtout reconnu comme graveur. le Musée d’Art moderne de Paris, le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France exposent ses oeuvres. Le MoMA de New York acquiert l’une de ses pièces. La Suisse, au musée de Genève et de Lausanne reconnaît son talent, tout comme Heinz Berggruen, le célèbre éditeur de Matisse et Picasso.

 

En 1982, il reprend la peinture. Miniatures ou toiles immenses, il est constamment dans la démesure. Dans le même temps, il écrit des contes souvent drôles, où il rend dérisoires les épreuves de la guerre et le malheur des hommes, mais toujours avec une pointe de tendresse. Il publie une dizaine de nouvelles et quelques pièces de théâtre.

Difficile de décrire son style sans le trahir. Zwy Milshtein disait d’ailleurs de son travail : « Le sujet final d’un tableau est issu de mon subconscient ; il est donc d’abord une surprise pour moi-même, l’analyser serait une démarche trop littéraire » On peut néanmoins rapprocher son œuvre du courant expressionniste, avec une touche de Chagall et des traces de l’art des icones des églises orthodoxes. Avec encore et toujours des marques d’humour, des réminiscences d’enfance, l’amour des femmes et du jeu d’échec… 

 

« Son œuvre se déploie comme une carte des hommes perdus, des âmes démontées et fugitives, avec autant de visages que de possibles humanités, rencontrées dans le voyage halluciné et tourmenté de son immense vie. » explique Patrice Charavel, co-commissaire de l’exposition Zwy Milshtein, Vents d’Est au Fort de Vaise.  On pourra y découvrir tableaux et œuvres sur papiers, mais aussi objets insolites et inédits, dessin flottant dans des bouteilles, images qui bougent, boite à secrets, ou encore une suite de gravures de moins de 5 mm… 

Programme complet : fondation-renaud.com

Les Facéties de Zwy à la galerie Chybulski :

 

Les liens de Zwy Milshtein avec la galerie Chybulski datent de son arrivée dans la région. Il était venu voir une des toutes premières expositions de la galerie :
des gravures de Kokoschka. « Pour une petite galerie perdue dans la campagne beaujolaise, cela semblait surprenant ! Zwy était très curieux de découvrir ça.  Par la suite, nous avons fait plus ample connaissance et nous avons invité Zwy à participer à plusieurs de nos expos collectives » expliquent Elisabeth Triboulet et Uli Traunspurger, responsables de la galerie.  

 

En 2013, ils lui demandent d’illustrer un texte d’Aristophane,  Les grenouilles, en 12 tableaux (gravures), comme l’avait fait Kokoschka avant lui. Les séries des 2 artistes sont exposées. 

 

En 2019, ils conçoivent avec lui le projet d’une exposition personnelle un peu malicieuse autour de ses « p’tites nanas », essentiellement des petits formats.
A ces petits formats devaient être associés sur des supports cartonnés de courts poèmes composés par l’écrivaine Sylvie Callet, amie de Zwy Milshtein, ainsi qu’un recueil humoristique de son cru illustré par l’artiste, Ciel, que les noix d’octobre sont excitantes.
Cette exposition, prévue en novembre 2019, est reprogrammée début 2020, du fait de ses problèmes de santé. Malheureusement, Zwy Milshtein  est décédé à ce moment-là. L’exposition, annulée, renait sous la forme de cet hommage collectif.

La galerie

Implantée au cœur des pierres dorées, à Ville-sur-Jarnioux, la galerie Chybulski propose chaque année depuis 2005 trois à quatre expositions d’art contemporain.
Gérée sous forme associative,  elle accueille des artistes de toutes origines (Allemagne, Autriche, France, Italie…) et expose aussi bien de la peinture que de la sculpture ou de la gravure. Les vernissages, le plus souvent accompagnés de petits concerts, y sont toujours festifs et conviviaux.

 

Galerie Chybulski , expo du 5 au 27 mars, « Les facéties de Zwy » – Avec la participation de Sylvie Callet, écrivaine & Wilfried Petzi, photographe.  Finissage samedi 26 mars à partir de 16h – 17 h : lecture , musique & vodka… avec S. Callet et Kiftélélé


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