Joyau de la Route Lamartine : Berzé-le-Chatel
L’entrée du château de Saint-Point
chateau de Pierreclos, l'entrée
Le cabinet de travail de Lamartine, inchangé depuis son décès
Pierreclos
Le tombeau de Lamartine
Aux alentours de Berzé-le-Chatel
La chapelle romane qui jourxte le château et son vieux cimetière
Château de Saint-Point
Chateau de Saint-Point

L’ombre romantique d’Alphonse de Lamartine s’étend sur tout le Maconnais, tant sa famille est historiquement implantée dans la région. La Route Lamartine, parcours d’une cinquantaine de kilomètres, permet de découvrir les lieux, maisons et châteaux qui portent sa trace. Depuis la maison de Milly où il passe son enfance, à l’hôtel Senécé à Mâcon, en passant par les châteaux de Monceau, Pierreclos, ou Saint-Point, domaine qu’il reçoit à l’occasion de son mariage en 1820.

C’est en 1801 que Pierre de Lamartine, père d’Alphonse, achète le domaine de Saint-Point, essentiellement pour ses quelques 70 hectares de terres. Le château est alors dans un piteux état. On sait peu de choses sur l’histoire de sa construction. Il date semble-t-il des XIIe et XIVe et aurait été édifié sur une motte castrale, pour protéger l’abbaye de Cluny, selon certain documents retrouvés dans les archives de celle-ci. Une légende dit même qu’un souterrain relierait l’abbaye et le château…  Entre le début du XVIIe et la fin du XVIIIe siècle, Saint-Point appartient à la famille de Rochefort d’Ailly, originaire d’Auvergne. En 1776, le château est vendu au marquis de Castellane, maréchal de camp et chevalier des ordres du roi.

Pendant la Révolution, le château est dévasté et pillé. C’est donc un château à l’abandon que Esprit-Boniface-Henri de Castellane, vicomte de Castellane,  héritier de Saint-Point, endetté, cède à Pierre de Lamartine, ancien capitaine de cavalerie au régiment du Dauphin et chevalier de l’ordre de Saint-Louis.

Cela va, d’une certaine manière, permettre à Lamartine de le restaurer totalement à son gout. Il vient d’épouser une jeune anglaise, Mary-Ann Birch, la fille du Major Birch, apparenté aux Churchill. Ses voyages en Angleterre l’inspirent donc pour ses travaux : il en fait l’un des rares édifices de style néogothique à l’anglo-saxonne.

Avec les gains de son premier grand succès, Les Méditations Poétiques, il fait construire à l’est du bâtiment d’origine, un corps de logis central de plan rectangulaire entouré de deux tours, une galerie quadrilobée avec terrasse. A l’ouest, un portique néogothique, dessiné par Mary-Ann elle-même – la jeune femme est une artiste de talent – est ajouté devant la porte d’entrée du château. Tous deux sont ornés de son emblème, le trèfle. À l’angle des écuries et de l’orangerie, une tour sarrasine dite «tour de l’horloge » est bâtie. Dans le même temps, il aménage des jardins à l’anglaise.

 

La famille s’y installe le 1er mai 1823. Mais les travaux – et la rente qu’il doit verser à ses sœurs en échange de son avance sur héritage – ruine Lamartine. En juillet de la même année, il accepte un poste de second secrétaire d’ambassade à Florence qu’il occupera jusqu’en août 1828.

La chambre à coucher et le cabinet de travail préversés tels qu’ils étaient du vivant de Lamartine

Le poète écrira Les Harmonies poétiques et religieuses, publiées en 1830, en grande partie au château. Mais en 1833, sa fille Julia décède. Saint-Point, qui rappelle trop de souvenirs, est délaissé jusqu’en 1852, date à laquelle de nouveaux travaux sont entrepris. Un pavillon accolé à la façade sud est construit. Lamartine y installe sa chambre, reliée à son cabinet de travail et desservi par une étroite tour d’escalier. Détail amusant : une échelle est en permanence laissée contre le mur de la terrasse pour que l’écrivain puisse rejoindre son cabinet de travail directement depuis le jardin ou inversement. On sait qu’il adorait travailler à l’extérieur. Il avait même fait fabriquer un écritoire spécial pour cela. Très attaché au château, Alphonse de Lamartine y reçoit de nombreux artistes, écrivains et amis tels Victor Hugo, George Sand, Franz Liszt, Frédéric Chopin, Alexandre Dumas ou Eugène Sue…

Il décède à Paris en 1869, six ans après son épouse. Il est inhumé dans le caveau familial, de style lui aussi néogothique, à côté de l’église romane qui jouxte le parc du château. Sa nièce, Valentine de Cessiat, hérite de Saint-Point. Très proche de son oncle, elle fait en sorte de préverser les lieux. Grâce à son action, la chambre à coucher et le cabinet de travail du grand homme – classés Monuments Historiques – sont restés tels qu’ils étaient de son vivant.

La chambre, aux murs tendus de cuir de Cordoue, contient encore toute ses affaires personnelles, vaisselle, tableau de son lévrier favori, Fido… Et surtout des œuvres de son épouse, tel un dessin de sa fille Julia et le portrait de son père de Pierre de Lamartine,  qui entourent la cheminée dite des poètes. Celle-ci a été décorée par Mary-Ann avec les visages des poètes favoris de Lamartine. Son cabinet de travail est toujours recouvert de la cretonne rayée d’origine. Les meubles sont restés à la même place : bureau, secrétaire, petites bibliothèques, tableaux de famille, dont un magnifique portait de sa fille peint par sa femme…

Les nouveaux propriétaires ont pour projet d’enrichir le musée du château et de préserver cette demeure  labellisée « Maison des Illustres » par le Ministère de la Culture et de la Communication. D’ores et déjà, ils ont entrepris de faire étudier par la DRAC une fresque en trompe l’œil, découverte sous la vigne-vierge qui recouvrait la façade.

Sur la Route Lamartine, le château de Saint-Point est plutôt situé à la fin du parcours. Mais c’est sans aucun doute l’une des étapes les plus émouvantes.

Plus d’infos : chateaulamartine.com

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